Sosa 130 de Marie – Jean Dupré : mais qui sont ses parents ?

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De même que pour ma propre ascendance, j’ai décidé, pour vérifier, étoffer et donner vie à l’arbre de Marie, de rédiger un billet sur certains de ses ancêtres. Comme tout le monde j’ai mes chouchous, mais pour ne pas faire de jaloux, j’ai décidé de les sélectionner de façon aléatoire, sinon je ne ferais de billet que sur ceux dont je sais déjà qu’ils ont un petit truc en plus. J’ai donc décidé de les tirer au sort parmi ses sosas dans les générations 3 à 9. Une fois sélectionné, même si je ne connais pas grand-chose sur l’heureux élu, je me fixe pour règle de ne pas tergiverser et de faire un billet sur lui quels qu’en soient l’intérêt et les informations que je possède à son sujet.

Pour commencer cette série, je suis tombée sur le n° 260. Pas de chance il s’agit d’un quasi inconnu. Dans ma base de données il est écrit qu’il s’agit de Jacques Dupré époux de Jeanne Janin. Une fois que j’ai dit ça, je pense que j’ai à peu près dit tout ce que je sais de lui… j’ai donc commencé à creuser un peu au moins pour vérifier et compléter ce que je sais de Jean Dupré leur fils, le sosa 130 de Marie. Et c’est là que les choses ont commencé à se compliquer…

En effet sur l’acte de mariage de Jean Dupré avec Marianne Dervieu le 3 août 1744 à Pélussin dans la Loire, il est écrit qu’il est un enfant de l’hôpital général de la Charité et aumône générale de Lyon, alors que dans le contrat de mariage signé chez Me Guérin à Condrieu le 16 juillet précédent, il est dit fils de Jacques Dupré et Jeanne Janin et il n’est pas fait mention de la Charité.

Extrait de l’acte de mariage de Jean Dupré et Marianne Dervieu le 3 août 1744 à Pélussin (AD 42 – Pélussin – BMS 1743-1744 – 3NUMRP1/1MIEC169X5 – vues 77-78)
Extrait du contrat de mariage de Jean Dupré et Marianne Dervieu le 16 juillet 1744 chez Me Guérin à Condrieu (AD 69 – Condrieu – minutes notaire Guérin, Claude Juillet-décembre 1744 – 3E20141 – vues 6-8)

Je précise que la date du contrat de mariage est indiquée dans l’acte de mariage, je n’ai donc pas de doute sur le fait qu’il s’agit bien du même couple.

Jusqu’ici, même s’il est un peu étonnant de ne pas trouver la même chose sur le contrat de mariage et l’acte de mariage, ça ne me pose pas trop de problème. J’imagine que Jacques Dupré et Jeanne Janin sont décédés alors que Jean était enfant et qu’il a été recueilli par la Charité à Lyon. Et puisque les registres concernant les enfants abandonnés ou orphelins de la Charité sont en ligne sur le site des archives municipales de Lyon, je recherche Jean Dupré dans une fourchette large allant de 1700 à 1730. En effet sur l’acte et le contrat de mariage, il est écrit que Jean Dupré habite Pélussin depuis plus de 15 ans, donc au moins depuis 1729.

Tout d’abord une petite explication sur la prise en charge des enfants abandonnés ou orphelins à Lyon. Il y a tout d’abord plusieurs catégories d’enfants comme le montre le tableau ci-dessous :

Catégories d’enfants abandonnés (dénominations qui apparaissent dans les registres).
Tableau issu du Guide de Recherche dans les registres enligne concernant les enfants abandonnés des Hospices civils de Lyon publié par les archives municipales de Lyon

Et le tableau suivant montre par qui sont pris en charge ces enfants au fil du temps :

A l’époque qui nous intéresse nous voyons donc que Jean Dupré s’il a été pris en charge avant l’âge de 7 ans l’aura été par l’Hôtel-Dieu, puis par la Charité après ses 7 ans.

Ma première idée est donc qu’il appartient à la première catégorie, les enfants légitimes orphelins, et donc qu’il est un garçon de la Chana(l). Ce nom vient tout simplement du bâtiment où étaient logés ces enfants. Les garçons le sont à l’hôpital Saint Martin de la Chanal, alors que les filles sont logées à l’hôpital Sainte-Catherine-du-Val.

Mais lors de mes recherches dans les Registres des enfants abandonnés des Hospices civils de Lyon (17è-19è siècles), je ne trouve qu’un seul Jean Dupré né le 6 août 1711, fils de Jeanne Dupré, mis en nourrice à Pélussin chez Claude Ervieu et Jeanne Massard. Il s’agit d’un enfant illégitime exposé, donc un « Petit garçon ». Sa mère Jeanne Dupré est dite « FDB » soit « fille débauchée ». Elle a accouché à l’Hôtel-Dieu et a abandonné immédiatement son enfant.

Si je comprends bien, le petit Jean est immédiatement placé en nourrice à Pélussin chez Claude Arvier ou Ervier et Marie Massard.

Réception de Jean Dupré à l’Hôtel-Dieu de Lyon le 7 août 1711 (AM Lyon – Journal de réception des enfants exposés et abandonnés – Réception – Hôtel-Dieu – 28/08/1709-31/12/1713 – HD_G009 – vue 116)

Lorsqu’il atteint l’âge de 7 ans il passe alors sous la responsabilité de la Charité, mais ne semble pas quitter ses parents nourriciers.

Transfert de Jean Dupré de l’Hôtel-Dieu à la Charité le 1er mai 1718 (AM Lyon – Journal de réception des enfants exposés et abandonnés – Transfert – La Charité/Hôtel-Dieu – 26/04/1716-11/04/1723 – HD_G039 – vue 45)

Claude Ervieu, chez qui il est en nourrice habite dans le village de Virieux à Pélussin où mon Jean habite au moment de son mariage en 1744. Les dates peuvent coller, je suis très tentée de penser que c’est mon Jean.

Mais alors…. pourquoi est-il indiqué fils de Jacques Dupré et Jeanne Janin dans son contrat de mariage ? Toute la question est là…

Peut-être un indice sur l’acte de baptême de Jean… son parrain s’appelle Jacques Jannin…

Acte de baptême de Jean Dupré le 6 août 1711 à l’Hôtel-Dieu de Lyon (AM Lyon – B 22/12/1710-29/09/1721 – 1GG660 – vue 47)

Il semble bien qu’il y ait eu un peu de mélange entre les noms de la mère et du parrain, non ?

Pour ce qui est de la vie de Jean, dans tous les actes où il apparaît il est dit alternativement drapier ou journalier. Il aura 9 enfants avec Marianne Dervieu dont au moins 6 sont morts en bas-âge. Peut-être même 8 car je perds la trace de deux enfants pour lesquels je n’ai trouvé que leur acte de baptême. Leur fille Marguerite née le 15 juillet 1752 est l’ancêtre de Marie.

Je ne sais pas quand meurt Jean. Il vit à Pélussin, à Virieux, jusqu’en 1777 au moins puisque, le 15 novembre de cette année, il est le parrain de Jeanne Marie Jeune la fille de sa fille Marguerite et de Jean Baptiste Jeune, mais je ne trouve pas trace de lui ensuite.

Pour aller plus loin :

4 Replies to “Sosa 130 de Marie – Jean Dupré : mais qui sont ses parents ?”

  1. 1
    Briqueloup

    Voilà l’intérêt des blogs de généalogie : raconter la vie d’ancêtres sans histoire. Et c’est passionnant de retrouver autant de traces !
    Comme cela se passe à Lyon, je pourrais penser à toi et à ton ancêtre confié à la Charité.

    • 2
      Laëtitia

      En fait Jean Dupré n’a semble-t-il jamais vraiment vécu à Lyon, à mon avis il y est né et a été immédiatement placé chez des parents nourriciers à Pélussin où il a passé toute sa vie. Je pense qu’il n’est jamais revenu à Lyon, même dans ses jeunes années.
      Sinon, je fais aussi des recherches sur d’autres personnes sur Lyon, ça pourrait t’intéresser, notamment les familles Bulliod et Parent, il y a aussi pas mal à raconter sur ceux-là !

    • 4
      Laëtitia

      Et pourtant je ne savais vraiment pas grand-chose ! C’est l’avantage de ce tirage au sort, ça m’oblige à me plonger dans de nouvelles recherches et même si parfois ça ne mène pas très loin, elles m’apportent souvent de nouvelles informations et me permettent parfois des découvertes inattendues !

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