Sosa 226 de Marie – Augustin Roux (1730-1800) : Un Augustin peut en cacher un autre

Tailleur d'Habits - Planche I - Encyclopédie
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De même que pour ma propre ascendance, j’ai décidé, pour vérifier, étoffer et donner vie à l’arbre de Marie, de rédiger un billet sur certains de ses ancêtres. Comme tout le monde j’ai mes chouchous, mais pour ne pas faire de jaloux, j’ai décidé de les sélectionner de façon aléatoire, sinon je ne ferais de billet que sur ceux dont je sais déjà qu’ils ont un petit truc en plus. J’ai donc décidé de les tirer au sort dans les générations 3 à 9. Une fois sélectionné, même si je ne connais pas grand-chose sur l’heureux élu, je me fixe pour règle de ne pas tergiverser et de faire un billet sur lui quels qu’en soient l’intérêt et les informations que je possède à son sujet.

Beaucoup de mal à commencer ce billet. J’étais contente, cette fois-ci, le numéro tiré au sort était pair : 226. Enfin un homme il va y avoir quelque chose à raconter ! Et puis finalement…

Outre le fait que Augustin Roux n’était pour moi qu’un total inconnu dont je ne connaissais qu’un enfant, une femme, un métier et rien d’autre, et que grâce à ce tirage au sort j’ai pu lui trouver d’autres épouses, d’autres enfants, des parents, des grand-parents, je n’ai quand même pas grand-chose à dire sur lui. De plus j’ai un sentiment d’inachevé car il me reste encore beaucoup de points d’interrogations.

Et c’est alors (comme je cherchais encore à trouver quelque chose à dire) que j’ai trouvé ! Il y a de quoi dire, pas tellement sur Augustin, mais sur Augustin !

Mais revenons à nos moutons… Augustin est né le 30 mai 1730 et est le 5e enfant d’Etienne et Françoise Aurio (ou Auriau ou Auriol ou encore Orio, Orie…) et 4 autres garçons naîtront encore après lui. La famille vit paroisse Saint-Projet. Ses parents se sont mariés le 10 janvier 1723 dans cette paroisse, mais ni Etienne ni Françoise ne sont bordelais. Ils sont tous deux originaires de Dordogne, respectivement de Fouleix et Drayaux.

C’est le 28 février 1753 qu’Augustin se marie avec Marie Tudal dans l’église Saint-Michel de Bordeaux. Il a 22 ans et elle 29. Ils auront 2 garçons : François en septembre 1754 et Jean en juin 1755. Mais Marie décède à 32 ans le 19 octobre 1755 laissant Augustin seul avec ses deux enfants. Il se remarie donc quelques mois plus tard, le 19 février 1757 avec Jeanne Françoise Courroy, il a 26 ans et elle 36 ! Son premier fils François décède en juillet 1758. Et la malchance s’acharne sur Augustin puisque Jeanne Françoise meurt sans qu’ils aient eu d’enfants ensemble en juillet 1761. Augustin se retrouve encore une fois seul avec son fils Jean alors âgé de 6 ans.

Acte de mariage d’Augustin Roux et Magdeleine Pujervie le 3 août 1762 à Langon (AD 33 – Langon – BMS 1760-1767 – 4 E 3275 – vue 117)

Il se remarie un an après, le 3 août 1762 avec Magdeleine Pujervie (sosa 227 de Marie). Les époux ont tous deux 32 ans. Jean, le fils d’Augustin meurt au mois de mai suivant, le couple n’a pas encore eu d’enfant ensemble. Mais dès janvier 1765 naîtra François, puis Marie (sosa 113 de Marie) en septembre 1767, puis Arnaud en janvier 1769 et enfin Jean en juillet 1772. Jean a pour marraine Madeleine Roux. Il est précisé dans l’acte qu’il s’agit de sa sœur. Mais je n’ai trouvé aucun enfant prénommé ainsi dans les enfants d’Augustin. S’agit-il de Marie et le prêtre se serait trompé de prénom ? Cette Madeleine reste pour moi un mystère.

Dès son premier mariage, Augustin a habité paroisse Saint-Pierre. Comme je l’ai dit, il était tailleur comme son père et avait un autre point commun avec son père, son surnom. En effet tous deux étaient dit « Saint-Amand » dans les actes qui les concernent. Pourquoi ? Je suppose que cela doit avoir un lien avec la paroisse Saint-Amand, aujourd’hui Saint-Amand-de-Vergt, limitrophe de Fouleix. C’est en trouvant quelques baptêmes célébrés dans l’église paroissiale Saint-Amand dans les registres paroissiaux de Fouleix, que cela m’est venu à l’esprit. Simple hypothèse pour l’instant. Cela signifierait peut-être que les Roux étaient originaires de Saint-Amand avant d’arriver à Fouleix.

En tout cas, sa profession et son surnom indiquent que c’est Augustin qui a pris la succession comme s’il était le fils aîné. Mais… ce n’était pas le cas, il avait un frère plus âgé, Augustin (oui, oui, c’est bien ça) né le 27 janvier 1726.

C’est en faisant des recherches sur Internet sur Augustin (le sosa, que je vais désormais appeler Augustin le jeune), pour essayer d’y trouver le maximum d’information, que je suis tombée à plusieurs reprises sur un Augustin Roux, son contemporain également né à Bordeaux, médecin et chimiste qui avait semble-t-il une certaine notoriété. Et ce n’est qu’au bout de plusieurs jours à tourner autour de ce dernier que j’ai réalisé qu’il s’agissait du frère aîné dont j’avais désespérément cherché le décès à Bordeaux. Et pour cause, il est décédé à Paris le 28 juin 1776. En tout cas c’est ce que disent tous les dictionnaires biographiques que j’ai consulté. A part ça je n’en ai trouvé aucune trace officielle, mais la plupart de ces dictionnaires étant antérieurs à la destruction des archives de Paris, je suppose que ceux-ci ont été étayés à l’époque par des sources fiables. D’autant que certains sont contemporains d’Augustin (l’aîné cette fois), tel le Dictionnaire historique et bibliographique portatif de l’abbé Ladvocat publié en 1777 l’année suivant son décès.

Notice sur Augustin Roux dans le Dictionnaire historique et bibliographique portatif de l’abbé Ladvocat publié en 1777 (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5860912w/f327.image.r=(prOx:%20%22augustin%22%201%20%22roux%22)?rk=1244641;2#)

Je ne vais pas recopier ici ce que disent tous ces dictionnaires, je vous en donne une sélection dans les sources de ce billet. J’en ai cependant extrait une petite chronologie de sa vie, que je donne ci-dessous:

  • 1726 : naît à Bordeaux.
  • 1750 : reçu Docteur en médecine de la Faculté de Bordeaux (24 ans).
  • 1750 : monte à Paris, sur la recommandation de Montesquieu (24 ans).
  • Suit les cours de Rouelle.
  • Est chargé de l’éducation de Monsieur d’Héricourt (qui est ce monsieur d’Héricourt, mystère…).
  • Se lie avec les savants les plus distingués. Il était ami, ou tout au moins côtoyait, entre autres, Diderot et d’Alembert. Il était membre du cercle d’Hobalch et participera à l’Encyclopédie en écrivant les articles REFROIDISSEMENT et SUCCIN.
  • Apprend l’anglais et traduit plusieurs ouvrages scientifiques écrits en anglais.
  • Enseigne la médecine.
  • de 1757 à 1761 : travaille à la rédaction des Annales typographiques (en ligne sur Gallica).
  • Est membre de la Société d’Agriculture de Paris créée en 1761. On peut remarquer qu’il y a probablement côtoyé Melchior François Parent, alors premier commis des Finances, également collatéral de Marie sur une tout autre branche !
  • 1762 : reçu comme Docteur en médecine de la Faculté de Paris.
  • 1762 : succède à Vandermonde comme rédacteur en chef du Journal de médecine. Il le sera jusqu’à sa mort.
  • Renonce à la médecine pour se consacrer à la chimie.
  • Obtient un emploi de chimiste à la Compagnie de Saint-Gobain par l’entremise d’Holbach.
  • 1771 : est nommé professeur de chimie à la Faculté de Paris. Ce cours a été créé sur sa proposition, auparavant on n’enseignait pas la chimie aux étudiants en médecine.
  • 1776 : décède à Paris (50 ans).

Dans plusieurs des écrits que j’ai trouvé sur Augustin Roux, il est mentionné que son père n’approuvait pas du tout ses études scientifiques. Il semble que son père a d’abord souhaité en faire son successeur (logique puisqu’il était l’aîné), mais l’enfant aurait été lui-même voir les Jésuites pour participer à leurs cours. Il étudie donc et se révèle un élève doué ayant un goût prononcé pour les mathématiques. Son père voyant la réussite scolaire de son fils voulut en faire un prêtre et l’envoya alors chez un oncle, lui même curé de campagne. Cependant Augustin ne voulait pas être prêtre et se dirigea vers les études médicales. J’aurais aimé pouvoir retrouver cet oncle, mais les recherches au-delà de la génération des deux Augustin s’avèrent difficiles et je ne leur ai trouvé qu’un oncle, Mathieu Auriau, frère de leur mère, né en 1707, sans savoir ce qu’il est advenu de lui.

C’est donc Augustin (le jeune) qui prendra la succession paternelle. Il meurt à Bordeaux le 27 germinal an 8 (17 avril 1800), 24 ans après son frère aîné.

Voilà finalement un billet dont je pensais qu’il serait court lorsque j’ai commencé à travailler sur Augustin Roux (le Jeune), et qui a bifurqué et s’est étoffé de façon inattendue. C’est là tout le sel de la généalogie.

Une petite remarque amusante pour terminer. Dans les dictionnaires que j’ai consulté, la notice sur Augustin Roux est souvent suivie par celle sur Jacques Roux, le curé rouge, également lié aux ancêtres de Marie, mais qui cependant n’a rien à voir avec Augustin ! 

Sources :

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