Voilà nous avons maintenant examiné toutes les cartes postales de Grand-mère.
Grâce à elles j’ai pu étudier deux familles, les Constantin et les Defrêne.
Les constantin
Le couple est originaire de Cleuville où ils se sont mariés en 1876. Lui est domestique (sans doute agricole) puis journalier, elle est couturière. Ils termineront leur vie à Foucart.
De cette union sont issus 5 enfants tous nés à Cleuville. L’un d’eux (Joseph Alexandre Frédéric) est décédé en bas âge, mais les 4 autres ont vécus et sont les acteurs des cartes postales qui nous intéressent.
L’aîné tout d’abord, Victor né en 1877. Il est trop petit pour faire son service militaire, il est ajourné pour cette raison.
Vient ensuite Marie, née en 1879. En 1912 et peut-être même plus tôt, Marie est domestique (cuisinière) de la famille Defrêne et habite dans leur maison du 18 rue Mazurier à Mont-Saint-Aignan. Cette même année Suzanne Duval y est aussi domestique. Peut-être est-ce ainsi qu’elle a rencontré Victor qu’elle épouse en 1912. Je pense en fait que Victor était également domestique des Defrêne à ce moment-là. Il devient ensuite chauffeur. Est-il celui des Defrêne ou celui des Leboucher, la question reste ouverte.
Lorsqu’ils se marient Victor reconnaît le petit Henri né Duval en 1899. Ce n’est probablement son fils, mais il l’élèvera comme tel (enfin j’imagine). Celui-ci sera cordonnier. Victor et Suzanne ont un autre enfant en 1913, Jean Louis Joseph, mais celui-ci décède 8 mois plus tard.
Pendant la guerre, Victor est mobilisé et est envoyé travailler dans l’usine Saint-Gobin d’Aubervilliers qui fabriquait alors des produits chimiques pour l’effort de guerre, de la poudre pour les canons et munitions quoi…
Leur patron Emile Defrêne décède en octobre 1915, et je pense que suite au décès de son mari, sa femme a vendu la maison du 18 rue Mazurier et s’est séparée de ses domestiques. Peut-être est-elle retournée vivre à Paris ?
Marie s’est mariée à Rouen à l’âge de 37 ans avec Edmond Siroy et décèdera en 1960 à Pont-Audemer. Entre-temps elle aura suivi son mari à Berville-en-Roumois où il habitait. Je pense qu’ils n’ont pas eu d’enfants.
Quant à Victor et Suzanne, ils ont ensuite habité à Rouen, d’abord rue Verte (en 1919) puis rue des Bons Enfants (au moins de 1934 à 1937). Je perds ensuite leur trace.
Leur plus jeune sœur Louise est née en 1883 en 1906 elle habite toujours à Foucart avec ses parents, mais n’y vit plus en 1911. On la retrouve en 1912 comme domestique chez Honoré Auguste Leleu à Caudebec-en-Caux. Elle y reste jusqu’au décès de celui-ci en 1921. Là non plus je n’ai pas réussi à savoir ce qu’elle était devenue après.
Et le petit dernier est Jules, né en 1888. Il est plus grand que son frère et lui est apte au service militaire. En 1908 il rejoint le 7e Régiment de Chasseurs à cheval caserné à Rouen. A l’époque le service militaire dure 3 ans, il est renvoyé dans ses foyers (chez ses parents à Foucart) en 1911. Bien-entendu il est mobilisé dès août 1914 et part au front. Il est blessé en 1915, reste 2 mois et demi en convalescence et est renvoyé sur le front dont il est évacué quelques jours avant l’armistice le 7 novembre suite à son intoxication par les gaz. En 1924 il se marie à Harcanville avec Valentine Bellière. Il habite alors rue des Bons Enfants (mais pas au même numéro que son frère habitera ensuite). En 1925 ils ont une petite fille, Jacqueline. Je ne sais pas s’ils ont eu d’autres enfants. Il habite encore rue des Bons Enfants en 1937 lorsqu’il décès, très probablement des suites de son intoxication au gaz pendant la guerre.
Les Defrêne
Je me suis aussi penchée sur un autre arbre, celui du couple Defrêne x Evrard les patrons de Marie, Victor et Suzanne.
Emile Defrêne est né en 1848 à Rouen, son père était alors fabricant de rouennerie. Emile s’installe au Havre où il fonde une société de négoce en café qu’il dirige de 1878 à 1898. En 1898, il se marie à Paris avec Marie Rose Evrard. Son épouse était veuve, mais avait quitté son premier mari avant le décès de celui-ci. Elle habitait Paris et a suivi son second mari à Rouen. Je pense qu’avec la vente de son entreprise, Emile a pu faire construire la maison de la rue Mazurier et qu’ils s’y installent aux alentours de 1910. Tout cela sera à confirmer avec le cadastre. Il est fort probable que Marie et Suzanne rentrent à leur service très vite après leur installation. Emile décède en octobre 1915. Et je n’ai pas retrouvé trace de Marie Evrard après ce décès. Peut-être est-elle retournée à Paris, ou dans dans la Meuse sa région d’origine. En tout cas je n’ai pas trouvé trace de son décès dans les tables décennales rouennaises et n’ai pas pu consulter celles de Mont-Saint-Aignan qui ne sont pas disponibles en ligne pour les années qui m’intéressent.
Et les Aubé alors…
Et oui, car ne perdons pas de vue que mon but initial était de comprendre pourquoi ces cartes postales se trouvaient dans les affaires de mes grand-parents ou plus vraisemblablement dans les affaires de Grand-mère.
Je rappelle que Grand-mère est en fait mon arrière-grand-mère Solange Levasseur épouse Aubé, la grand-mère maternelle de mon père et ma tante.
Tout d’abord je pense que ces cartes ont d’abord été en possession de Marie Constantin.
En effet voici un petit tableau récapitulatif des personnes qui ont envoyé ou reçu les cartes, où il apparaît de façon évidente que Marie est le personnage central.
Mes recherches sur l’arbre Constantin, ne m’ont pas permis de trouver de lien familial entre cette famille et la mienne,. ni même aucune piste pour en chercher un.
J’ai ensuite cherché s’il pouvait y avoir un lien entre les domiciles occupés par les Constantin et leurs proches et par ma famille. Ils auraient pu être voisins ou amis. Ou mes arrière-grand-parents auraient pu leur avoir succédé dans un des endroits où ils ont habité et avoir récupéré un lot de cartes postales oubliées par les précédents occupants… mais non, toujours rien.
J’ai même cherché si les Constantin ne pouvaient pas être liés avec certains de leurs employés. Mes arrières-grand-parents étaient boulangers et avaient toujours chez eux des commis boulangers ou des employé(e)s servant dans la boutique.
J’ai pu trouver une petite liste d’entre eux dans les recensements de 1926, 1931et 1936 :
- Eugène Cardot, en1926, boulanger,
- Constant Lucien, en 1931, boulanger,
- René Deschamps, en 1936, garçon boulanger
- Alberte Typhaigne, en 1936, bonne.
Sans oublier un certain André Raimbourg qui était garçon boulanger chez les Aubé pendant l’hiver 1936/1937, avant qu’il ne parte à Paris et devienne Bourvil.
Je n’ai pas poussé très loin la recherche de leur généalogie, mais le peu que j’ai fait ne m’a pas apporté de piste.
Eugène Cadot est originaire du Pays-de-Bray, à l’opposé des origines des Constantin. J’ai trouvé par ailleurs qu’il avait au moins habité de 1924 à 1926 chez mes arrière-grand-parents.
Je n’ai rien trouvé concernant Constant Lucien. Il serait né vers 1910 dans une commune nommée Mesnil…
Mais des Mesnil, il y en a un paquet en Seine-Maritime ou dans l’Eure. Je me suis quand même attelée à explorer toutes les tables décennales disponibles en ligne pour celles-ci. Sans succès.
René Deschamps lui, était né en 1915 à Ettouteville, soit un peu plus proche des origines des Constantin. Mais encore une fois je ne trouve aucun point commun avec eux. Il n’avait que 11 ans quand il travaillait chez les Aubé.
Quant à Alberte Typhaigne, son prénom est connu pour moi. il arrivait que ma grand-mère en parle. Si j’ai bien compris, elle s’occupait beaucoup des enfants, mes arrière-grand-parents étant très occupés par leur travail. Elle est, je pense restée, longtemps au service de la famille. Elle est née en 1918 à Mont-Saint-Aignan. J’ai cru d’abord que cela pouvait être un piste. C’est d’ailleurs en pensant à cette Alberte que j’avais imaginé que le lien entre les Aubé et les Constantin pouvaient passer par leurs domestiques.
Mais beaucoup de rouennais ou de personnes des environs naissent aujourd’hui à Mont-Saint-Aignan où se trouve une grande maternité, la clinique du Belvédère. Tous mes cousins y sont nés et leurs parents n’ont jamais habité à Mont-Saint-Aignan.
Cette recherche m’a donc permis d’apprendre que le Belvédère commence à avoir une fonction de maternité pendant la 1ère guerre mondiale. A cette période, Rouen voit affluer un grand nombre de réfugiés belges et du Nord de la France. Et bien-sûr parmi eux il y a des femmes enceintes qu’il faut bien accueillir. On crée donc au Belvédère une pouponnière. On y accueille également les filles-mères.
Les registres de naissances de Mont-Saint-Aignan ne sont pas en ligne, mais je sais grâce à Geneanet qu’Alberte est née bien avant le mariage de ses parents en 1921. Sa mère Clémentine Eugénie Alexandrine Feret a donc très probablement été accueillie au Belvédère pour accoucher.
Bon, c’est très intéressant tout ça, mais après avoir consulté son arbre généalogique, je ne trouve toujours pas de piste pour un lien avec les Constantin.
Quant à Bourvil, outre le fait qu’il est aussi mon cousin par ma mère, je ne vois rien non plus dans sa généalogie qui pourrait avoir un lien avec les Constantin.
Donc, toujours aucune piste. Ceci dit, sur ce point, je n’ai pas pu eu accès à beaucoup de ressources en ligne, les recensements s’arrêtant trop tôt par rapport à ma période de recherche, j’aurais aimé pouvoir continuer sur toute la période professionnelle de mes arrière-grand-parents, soit jusque dans les années 60.
Peut-être avaient ils tout simplement acheté un lot de cartes postales sur une brocante. Nous ne leur connaissons pourtant pas un tempérament de collectionneurs…
Bref au risque de vous décevoir, je dois déclarer forfait. Je n’ai pas trouvé le lien…
Sources:
- Archives Départementales de Seine-Maritime
- Archives Départementales de l’Eure
- Historique du Centre Hospitalier du Belvédère : https://www.ch-belvedere.fr/presentation/historique.asp
Un jour peut-être la lumière se fera ! Sans regret ceci dit car cette enquête t’a permis de faire d’intéressantes recherches et de belles découvertes.
Tout à fait. L’important c’est de chercher. Trouver n’a pas grande importance au fond. D’ailleurs pour cette recherche je me doutait bien qu’elle n’aboutirait pas. En tout cas pas à trouver un lien avec ma famille. Mais qu’elle me permettrait de beaucoup m’amuser, ça je le croyais. Et j’avais raison !
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