En ce début d’année, il est devenu de coutume de mettre en avant le sosa de la nouvelle année. C’est d’ailleurs le Généathème proposé par Geneatech pour ce mois de janvier.
Faute de sosa 2024 (je bloque au sosa 1012), je me suis concentrée sur mon sosa 24, le grand-père paternel de mon grand-père maternel Charles Moisan (sosa 6). Il s’agit donc de Joachim Louis Marie Moisan. J’ai déjà parlé sur ce blog de son épouse Eugénie Brien (sosa 25), ainsi que de son fils, mon arrière grand-père Paul Moisan (sosa 12).
Comment le nommait-on ?
Je n’arrive pas à savoir quel était son prénom d’usage. En effet il signait parfois L. Moisan et d’autres fois J. Moisan. Il semblait privilégier le prénom Louis. Cependant il me semble que mon grand-père le prénommait Joachim. Je me souviens d’ailleurs de mes débuts en généalogie, quand je lui avais présenté mes premières découvertes. Je lui avais dit que son grand-père paternel (l’autre aussi d’ailleurs) se prénommait Joachim en le prononçant Joakime. Il m’avait sèchement reprise en me disant « non Joachim » prononcé Joachin.
Je l’appellerai donc Joachim Louis dans la suite de ce billet.
Quel était son environnement familial ?
Ses parents
Joachim Louis Marie Moisan est né le 25 avril 1849 à Vannes (56), place de la Poissonnerie où habitaient alors ses parents.
Il est le troisième enfant et dernier enfant de Joachim Moisan (sosa 48) et Françoise Brien (sosa 49). Avant lui sont nés Anne Marie Esther Joséphine en 1842 et Joachim Hippolyte en 1843. Ils sont tous nés à Vannes où leurs parents habitaient.
Ses parents s’y étaient mariés le 12 mai 1841. Sa mère, Françoise, était née à Vannes en 1810, de parents eux-mêmes vannetais, et exerçant la profession de jardiniers. C’est sans doute grâce à ceux-ci qu’elle a rencontré son futur époux puisque Joachim était également jardinier. Il était pour sa part né à Brech à un peu plus de 20 kilomètres à l’ouest de Vannes. Au moment de son mariage il habitait déjà à Vannes, je ne sais pas à quelle date il y était arrivé. Françoise Quant à elle était cuisinière au moment de leur mariage et exercera ensuite tout au long de sa vie la profession de cafetière ou aubergiste.
Françoise avait donc déjà 39 ans à la naissance de Joachim Marie et 32 ans à la naissance de leur première fille Anne Marie Esther Joséphine.
Joachim perd son père alors qu’il a 15 ans puisque celui-ci décède à Vannes le 14 mai 1864.
Ses frère et sœur
Joachim Marie a 17 ans lorsque sa sœur Anne Marie Esther Joséphine se marie à Vannes avec Timoléon Forget le 28 mai 1866. Ce dernier, originaire de l’Ile d’Arz est alors marin, comme l’était son père. Mais en 1867 il renoncera à la carrière maritime pour les chemins de fer. Je le retrouve d’abord employé à Chateaulin dans le Finistère en 1870 sans doute à la Compagnie du Paris-Orléans. Cependant le couple est toujours domicilié à Vannes où nait leur fils Alexandre Marie.
Timoléon sera ensuite employé à la Compagnie du chemin de fer d’Orléans à Rouen qui venait d’être créée en 1869. Toute la ligne est alors à construire et cela commencera par la construction de ponts à Chartres entre 1869 et 1873. C’est ce qui amènera le couple à partir habiter à Chartres où je les retrouve en 1873 quand naît leur fille Marie Amélie. Ils y vivront jusqu’à leur décès. En 1877 la Compagnie des chemins de fer d’Orléans à Rouen fait faillite alors que Rouen n’a pas encore été atteint. Timoléon sera ensuite employé jusqu’à la retraite par la Compagne des chemins de fer de l’Ouest.
Anne Marie Esther Joséphine meurt en 1904 et Timoléon lui survivra 20 ans puisqu’il meurt en 1924. Entre temps, entre 1875 et 1893, le couple aura accueilli dans son foyer, Françoise Brien, la mère de Anne Marie Esther Joséphine et Joachim Marie. Celle-ci décède à Chartres le 12 octobre 1893.
Quant à Joachim Hippolyte Moisan, le frère de Joachim Louis, il devient charron et reste vivre à Vannes, où il décède, célibataire le 23 février 1875.
Joachim Louis, garde mobile pendant la guerre de 1870-1871
Revenons donc au sujet de ce billet… Joachim Louis Marie Moisan.
A l’occasion de l’écriture de ce billet, j’ai découvert que Joachim Louis avait été garde mobile. La garde nationale mobile, nouvellement créée, était constituée de conscrits ayant tiré un bon numéro ou d’hommes s’étant faits remplacer. Elle était destinée à seconder l’armée active pour la défense du pays. Les hommes affectés à ce corps avaient la chance d’effectuer un service de 5 ans au lieu de 7 ans dans l’armée active. Cependant cette garde nationale mobile ne durera pas aussi longtemps. En effet, créée en 1868, elle n’est toujours pas en ordre de marche quand éclate la guerre de 1870. Mais, même si ses hommes sont très peu, voire pas du tout, exercés, elle a le mérite d’exister et de pouvoir fournir 600 000 hommes pour aller combattre l’armée allemande.
Joachim Louis, affecté à la 8e compagnie du 5e bataillon du 31e mobile, et qui n’avait donc sans doute exercé aucune période militaire jusqu’alors, est appelé à l’activité le 17 juillet 1870, 2 jours avant la déclaration de guerre par la France. Le temps que le commandement du régiment s’organise (il a fallu nommer tous les officiers entre juillet et août), il n’est incorporé que le 22 août avec au moins 1500 autres gardes mobiles du 5e bataillon morbihannais. Les hommes n’étaient pas préparés et se présentent donc en vêtements civils. Ils n’avaient ni uniforme, ni arme ! Le colonel de Camas qui commandait le régiment, arriva à pourvoir le 5e bataillon avec des vieux fusils à piston qui restaient dans les magasin de la caserne.
Les gardes mobiles, toujours en civil, sont encore en train de s’exercer à Vannes lorsque se déroule la bataille de Sedan qui scelle la capitulation de la France face à l’Allemagne le 2 septembre. La 8e compagnie du 5e bataillon à laquelle Joachim Marie est affecté, est alors casernée au grand séminaire. Le lendemain, 3 septembre, le départ du régiment approchant, de nombreuses permissions sont accordées aux hommes. On imagine que Joachim Louis en profite pour dire au revoir à sa mère, son frère et sa sœur. Le 4 septembre Napoléon III est déchu et Gambetta annonce la création de la Troisième République. Le 10 septembre le régiment reçoit l’ordre de se diriger vers Paris. Le lendemain le 5e bataillon, est le premier à partir, en train, et arrive à la Gare Montparnasse le 12 au matin, comme le relate l’extrait ci-dessous :
Le 13 septembre le 5e bataillon peut enfin être armé avec des fusils Chassepot, le top des fusils français de l’époque. Et le 15, il est également habillé de l’uniforme règlementaire ! Il était temps. Le 19 septembre, Paris est encerclé par les allemands. Le siège de Paris commence. Cependant le 5e bataillon continue de s’exercer. Le 10 octobre, il quitte le boulevard de la Villette où il était caserné, pour s’installer à Puteaux sur les bords de Seine. Pendant plusieurs semaines le 5e bataillon alterne fortifications des lignes, escarmouches avec les allemands et toujours des exercices. Le 21 octobre, Le 5e bataillon du 31e Mobiles affronte pour la première fois fusillades et canonnades contre les allemands.
Les jours suivants, la révolte gronde dans Paris et le 31 octobre, les émeutiers envahissent l’Hôtel de Ville et la Commune est proclamée. Le 1er bataillon du Morbihan est appelé pour combattre la révolte, mais le 5e bataillon resté à Puteaux, n’est pas impacté par ces évènements. A partir du 8 novembre, le 5e bataillon, rejoint par plusieurs autres régiments commence à se préparer pour un sortie visant à percer les lignes allemandes par le nord-ouest de Paris. Mais finalement le 27 novembre, c’est vers l’est que se dirigent les troupes. Elles traversent tout Paris, jusqu’à Montreuil-sous-Bois.
Les semaines suivantes, et jusqu’en janvier, le 5e bataillon participe à plusieurs combats contre les allemands, en vue d’enfoncer leurs lignes à l’est de Paris. En vain. Face à l’évidence qu’il n’est plus possible de défendre Paris, l’armistice est signée le 27 janvier. Durant tous ces combats et depuis leur départ de Puteaux le froid a été intense, et il atteindra -15° C dans la nuit du 21 au 22 décembre.
Le bataillon rejoint les quartiers du boulevard de la Villette qu’il occupait à son arrivée à Paris. Le régiment est désarmé mi-février et le 28 février il quitte l’est parisien pour le quartier des Invalides afin d’éloigner les soldats désarmés des allemands qui étaient entrés dans Paris. Le 6 mars, les mobiles commencent à être rapatriés chez eux. Le 5e bataillon du 31e Mobiles part de la gare Montparnasse le 14 mars et arrive à Vannes le lendemain. Joachim Marie, démobilisé rentre dans ses foyers.
La famille de Joachim Louis
En 1873, il convole en justes noces avec Marie « Eugénie » Mathilde Brien (sosa 25). Le mariage est célébré au Palais à Belle-Ile le 25 juin. Eugénie, la future, est issue d’une famille belliloise par sa mère et est née au Palais. Ils sont tous deux cousins, puisque le grand père maternel de Joachim Louis, Guillaume Brien (sosa 100) était le frère du grand-père paternel d’Eugénie, Olivier Brien (sosa 98). J’avais présenté leur père Jean Brien (sosa 196-200) dans ce billet qui parlait du premier implexe découvert dans mon arbre.
Joachim Louis sera toute sa vie serrurier.
Son fils Hippolyte Louis
Onze mois après leur mariage, leur premier fils Hippolyte Louis (dit Louis) naît rue Saint-Vincent où ses parents habitaient alors. Nous sommes le 21 mai 1874. Lorsqu’il est appelé pour le service militaire en 1894, Louis est sculpteur à Nantes. Il est immédiatement réformé pour « hernie inguinale droite » et ne participera donc pas à la première guerre mondiale.
En 1899 on le retrouve à Vannes toujours sculpteur. Et le 15 mai 1899 il se marie avec sa cousine chartraine, Marie Amélie Forget, la fille de Timoléon et Anne Marie Esther Joséphine Moisan sa tante paternelle. Leur premier enfant, Marcelle Louise Eugénie naît à Vannes le 21 avril 1900, puis le couple part pour Chartres. Ce changement de région, s’accompagne également d’un changement de métier puisque Louis devient alors employé de l’octroi. Ils auront un deuxième enfant, André Louis Timoléon le 26 juin 1902, puis Louis décèdera en 1934 à Chartres, il est alors receveur de l’octroi en retraite.
Son fils Paul Eugène Marie
Le deuxième fils de Joachim Louis et Eugénie est mon arrière-grand-père Paul Eugène Marie Moisan, dont j’ai déjà parlé dans ce billet. Retenons seulement qu’il est né le 2 mai 1876, était peintre en bâtiments et s’est marié avec Jeanne Marie « Louise » Toumelin en 1901. Ils ont eu 4 filles entre 1901 et 1908 (dont une décédée à l’âge de 3 mois) et un fils, le petit dernier né en 1912, mon grand-père Charles Moisan. Contrairement à son frère aîné, il ne sera pas réformé et sera gazé pendant la guerre. Il en mourra en 1921, laissant sa femme seule avec 4 enfants.
Sa fille Marie Eugénie Louise
Après deux garçons, le couple a une fille née le 26 mai 1878 toujours à Vannes. Ils la prénomment Marie Eugénie Louise. Celle-ci est factrice lorsqu’elle se marie avec Henri Antoine Dauer le 6 août 1900. Le couple aura deux garçons nés à Vannes et une fille née à Longeville-sur-Mer où Henri Antoine Dauer s’est installé comme receveur buraliste entre 1903 et 1909. Ils y habitent au moins jusqu’à 1924, puis retournent dans le Morbihan, à Auray où Marie Eugénie Louis Moisan décède le 2 novembre 1933 à l’âge de 55 ans.
Sa fille Valentine Eugénie Marie
Le 12 juillet 1882, Eugénie donne naissance à une petite fille, Valentine Eugénie Marie. Mais celle-ci décède alors qu’elle n’a pas encore 2 mois.
Son fils Gustave Adrien Charles
Leur quatrième enfant est un garçon, Gustave Adrien Charles, qui naît, toujours à Vannes le 9 décembre 1883. Comme son frère Paul, il sera peintre en bâtiment. Je ne sais pas grand chose de lui. En effet je pense qu’il a passé toute sa vie à Vannes et malheureusement pour l’instant les archives du Morbihan ne publient l’état civil sur leur site que jusqu’en 1904 pour Vannes, et les recensements que jusqu’en 1911. Je sais cependant qu’il s’est marié à Marie Julienne Evain le 29 avril 1914 à Vannes. Il aurait eu deux filles Jeannette et Raymonde. Sa fiche matricule montre qu’il a participé à la première guerre mondiale du 22 février 1915 au 10 mars 1919. Il y sera blessé une fois et sera fait prisonnier en 1918. Il est décédé après 1932.
Son fils Henri Léon Amédée
Le dernier enfant de Joachim Louis et Eugénie naît le 26 mai 1885 et se prénomme Henri Léon Amédée. Il sera menuisier. Tout comme pour son frère Gustave Adrien Charles, j’ai peu d’informations à son sujet. Il s’est marié le 27 septembre 1910 avec Anne Marie Le Héno. Il décède le 11 janvier 1914. Je ne sais pas s’il a eu des enfants.
Environnement familial en image
Quelques lieux d’habitation de Joachim Louis
Joachim Louis a toujours habité dans le centre de Vannes. Voici la liste des domiciles que j’ai trouvé pour lui au fil des actes le concernant ou dont il a été témoin :
- 0. Place de la Poissonnerie (1849)
- 1. Rue Saint-Vincent (1874)
- 2. Rue des Orfêvres (1876-1878)
- 3. Rue du Pot d’étain (1882)
- 4. Rue des Halles (1883)
- 5. Place Gambetta (1905-1920)
Vu le nombre d’adresses, on peut imaginer qu’il en a eu plusieurs autres. La famille bougeait manifestement beaucoup.
Conclusion de 71 ans d’existence
Joachim Louis Marie Moisan décède chez lui, place Gambetta à Vannes, le 27 juin 1920. A cette date, il a perdu 2 de ses enfants. Il a eu 12 petits-enfants. L’un d’eux mon grand-père Charles se souvenait de ce grand-père décédé alors qu’il avait bientôt 8 ans. Ce dont il se souvenait de lui était qu’il avait une grande barbe blanche…
Sources et documentation
- Etat civil des Archives Départementales du Morbihan, de l’Eure-et-Loir et de Vendée
- Filae
- Fiche matricule de Timoléon Forget dans l’Inscription maritime des sept quartiers de Bretagne-Sud sur Mémoire des hommes
- Plan de la ville et des environs de Vannes (7e édition) / dressé au 5000e par N. Bassac ; complété par A. Lechard – 1883 sur Gallica
- L’histoire des chemins de fer en Bretagne sur l’Encyclopédie de Brocéliande
- La ligne de chemin de fer Landerneau-Châteaulin sur Bécédia
- Compagnie du chemin de fer d’Orléans à Rouen sur Wikipédia
- Le 31e mobiles, régiment du Morbihan (Lorient, Auray, Vannes) : Siège de Paris, 1870-71 : essai de notice historique / E. Sageret, L. Lallement – 1912 sur Gallica
- Uniformes 1870 : Garde nationale, francs-tireurs, etc… sur Gallica
Cela me plait d’apprendre ce qu’est un garde mobile, d’autant plus que je m’intéresse à la guerre de 1870.
J’étais également ignorante sur le sujet. J’aurais pu développer davantage, mais l’article aurait été trop long. Notamment sur le récit des combats auxquels a participé le 31e Mobiles à Paris. Pour tout savoir il faut lire cette notice sur Gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6517337x
Quel hasard : j’ai découvert cette semaine un collatéral mort en 1871 alors qu’il était garde mobile. De nouvelles perspectives de recherches en vue !
Je ne connaissais pas les gardes mobiles, bel article !